PAYSAGES
DE FERNANDO PESSOA Robert BRÉCHON |
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Je suis plus réel que le monde, Pareil à un saint plein de haine, Celui qui a écrit ces vers, où il décrit sa propre certitude que «la vie est un songe», est-il capable de voir et de sentir la réalité du monde extérieur? Oui, dans la mesure où, par la création des «hétéronymes», il arrive à retourner sa personnalité comme un gant, pour avoir un contact différent avec les choses. Non, dans la mesure où, comme nous le verrons, il subsiste, chez chacune de ses personnalités adventices ou factices, une ambiguïté fondamentale, où je vois pour ma part la «vérité» dernière du poète que nous appelons Pessoa et qui englobe tous les hétéronymes, Caeiro, Reis, Campos, Soares et Fernando Pessoa «lui-même». Sa devise, on le sait, était de «tout sentir de toutes les manières». Pour affronter le monde, pour en éponger la délirante exubérance, ou parfois au contraire pour en conjurer la totale évanescence, il a distribué son être entre plusieurs moi, dont chacun joue un rôle différent dans ce quil a appelé son «drame en personnes», qui est lensemble de son uvre. Au Pessoa idéaliste et critique, solipsiste, presque autiste, répondent ainsi plusieurs autres Pessoa qui ont une conscience exaltée de la sensation et le désir dune relation fervente et confiante avec lespace, le ciel et la terre. Cette face de la personnalité et de luvre de Pessoa quéclaire la lumière du dehors, on peut la voir apparaître çà et là dans ses poèmes et ses essais, et tout particulièrement dans quatre uvres d«auteurs» différents: le Livre de lintranquillité, de Bernardo Soares, où le narrateur, piéton de Lisbonne, décrit les paysages urbains, les ciels, les nuages, le fleuve, les scènes de la rue; le Gardeur de troupeaux, du poète «païen» Alberto Caeiro, dont le regard «net» sur la campagne des bords du Tage est le moyen dune présence immédiate au monde sensible; lOde maritime, dAlvaro de Campos, où se déploie avec fracas limagination orphique de locéan; enfin, Message, de Fernando Pessoa lui-même, poème à la fois lyrique et épique qui chante limagination mystique des terres et des mers lointaines que les navigateurs portugais ont découvertes il y a cinq siècles. Chacun de ces «auteurs», on le verra, a une relation différente avec le réel et une vision différente de ce quon appelle traditionnellement le paysage. On pourrait dailleurs poursuivre cette étude du paysage de Pessoa dans beaucoup dautres de ses ouvrages: dans les élégies critiques et plaintives du Cancioneiro, dans les poèmes sentimentalement métaphysiques du Mad Fiddler, dans les Odes de Ricardo Reis, ailleurs encore. LE PIÉTON DE LISBONNE Après son retour définitif dAfrique du Sud en 1905, à Page de 17 ans, Pessoa na plus jamais voyagé. Il na pratiquement plus quitté Lisbonne; et lon peut même dire quil a passé tout le reste de sa vie, cest-à-dire trente ans, dans un espace assez restreint pour quon puisse le parcourir à pied. Entre la place São Carlos, où il est né, et lhôpital Saint-Louis des Français, où il est mort, il y a à peine un kilomètre. Entre la ville basse (la Baixa), où il travaillait, et le Campo de Ourique, où il a résidé de 1920 à sa mort, il y a environ trois kilomètres. Dans cette bande étroite de tissu urbain, le long du fleuve, il na guère cessé de déambuler, du château São Jorge et de la place du Figuier, à lest, au port dAlcantara, à louest. Les deux lieux à mon sens les plus chargés de poésie, les plus magiques, sont ceux où lon peut encore aujourdhui le retrouver dans les cafés quil fréquentait; la place du Commerce, appelée autrefois Terreiro de Paço (esplanade du Palais), où la ville souvre sur le Tage, et où la table du poète, au café Martinho da Arcada, est restée telle quelle; et le Chiado, à la jointure entre la ville basse et le quartier haut, le Bairro Alto; là, à la terrasse de la Brasileira, le café quil aimait, la statue du poète, grandeur nature, est aujourdhui assise, pour léternité, et nimporte quel consommateur peut sattabler avec lui pour ce pèlerinage qui ne ressemble à aucun autre. Je recommande évidemment à tous les lecteurs de Pessoa, sils vont à Lisbonne, de visiter le Martinho et la Brasileira, et de refaire, comme le font les pèlerins passionnés, litinéraire de la Baixa au Chiado. Sils ne font pas le voyage, je leur recommande deux livres: le volume de Michel Chandeigne sur Lisbonne, aux éditions Autrement; et la Photobiographie de Pessoa, de Maria José de Lancastre, aux éditions Christian Bourgois. Le Livre de lintranquillité est le journal intime que Pessoa attribue à son double, lemployé de bureau Bernardo Soares; mais les paysages urbains y sont si présents quon peut le lire aussi comme le roman géopoétique de la ville avec laquelle il entretient un rapport singulier, un peu comme Baudelaire avec Paris ou Joyce avec Dublin. Il faudrait une longue étude pour faire linventaire de tous les topiques du paysage de Lisbonne chez Soares: ciels, nuages, pluies, soleils couchants, collines, fleuves, rues, immeubles, passants, etc. Seul jusquà présent, à ma connaissance, le philosophe José Gil a esquissé un travail de ce genre dans son livre sur Fernando Pessoa ou la métaphysique des sensations. Pour montrer le climat de lunivers du piéton de Lisbonne, je me bornerai à renvoyer, à titre dexemple, à un texte particulièrement caractéristique du mouvement de sa pensée et de son sentiment - de son «état dâme» - en face dun paysage, en loccurrence une scène de coucher de soleil. Il sagit du fragment 49 de lédition française du Livre de lintranquillité, traduit par Françoise Laye chez Christian Bourgois. Le texte commence par des notations précises de formes et de couleurs, puis il glisse de la sensation à limpression - un peu comme chez les symbolistes, enfin de limpression à la méditation, comme dans les «soleils couchants» romantiques. Mais ici on sent, dès la fin du premier paragraphe, quelque chose se briser dans la vision du paysage. Lexaltation de la couleur, de la lumière et de la nuit se retourne contre elle-même et retombe dans labîme de la conscience de soi. Lintelligence prend le relais de lémotion, quelle a démasquée après lavoir prise en flagrant délit de pose et dimposture. Tous les symboles que le paysage suggère à lesprit du promeneur, bien loin de le combler, achèvent de le désenchanter. Il ne peut ni absorber le paysage ni se laisser absorber par lui. Sa conscience déborde du paysage de tous côtés, comme le paysage déborde de sa conscience. Il ny a pas didentification possible ni de consubstantialité entre lesprit et le monde. Le soleil couchant qui, chez le poète romantique, est lemblème du jour glorieux disparu et de la nuit également glorieuse à venir, devient, chez Soares, le signe visible de la vraie vie absente. LE REGARD PAÏEN Il faut opérer un virage mental à 180 degrés pour passer de Bernardo Soares à Alberto Caeiro. Le poète bucolique du Ribatejo (la région des bords du Tage, en amont de Lisbonne) est, comme le poète citadin, un promeneur. Mais il na, lui, ni impressions, ni sentiments, ni idées; seulement des sensations, et encore pas nimporte quelles sensations: le monde lui est donné à voir, «net comme un tournesol», débarrassé de tout ce qui nest pas perceptible par les yeux. Il met entre parenthèses tout ce quon peut savoir, comprendre, imaginer, éprouver. Il refuse toute interrogation métaphysique, toute interprétation esthétique, tout jugement moral. Il est un pur regard porté sur la seule réalité qui existe, cest-à-dire les choses. Sil se dit païen, cest quil est totalement étranger à lidée dun Dieu comme celui du christianisme, à la notion de transcendance ou au sens du sacré. Mais il est bien païen, et non athée. Sans avoir à «croire» quoi que ce soit, il constate comme une évidence la divinité plurielle du monde, chatoyant et divers. Il transfère le divin de la profondeur cachée vers lapparence. Le monde lui apparaît comme une extériorité absolue, et il sen tient là. Il renonce par avance à toute forme déloge du réel, mais aussi à toute plainte; il renonce aussi à toute forme dallégorie ou de symbole, puisque le monde na aucune autre signification que sa propre existence visible. Alberto Caeiro chante donc paradoxalement, dans ses poèmes, un monde sensible dépourvu de tout ce qui en fait dhabitude pour nous la «poésie». À la limite, puisquil ny a rien à dire de ce monde, qui est ce quil est, et rien de plus, la seule figure de style admise est la tautologie: un arbre est un arbre; une pierre est une pierre. Luvre de Caiero est lentreprise la plus originale qui ait jamais été tentée pour dépoétiser le monde, de manière à y faire surgir une autre forme de poésie prosaïque, une poésie de la banalité qui est le réel absolu. Je pourrais arrêter ici mon commentaire. Certains exégètes de Caeiro le lisent en effet en prenant ce quil dit à la lettre, comme je viens de le faire. Quelles subtilités peut-on bien vouloir trouver dans un texte qui dit et répète que le monde existe et quil ny a rien de plus à en dire? Pourtant, même un lecteur non prévenu, qui ne sait pas que les poèmes de Caeiro sont luvre de Pessoa, est tout de suite mis en alerte par certains signes qui lavertissent que le texte est piégé. Dailleurs, dès le premier vers du premier poème, aussitôt après le titre, Le gardeur de troupeaux, le poète vend la mèche: «Je nai jamais gardé de troupeau». Et plus loin, il dira «Le troupeau, ce sont mes pensées». Ainsi, lui qui se vante dêtre un homme de la terre et de ne jamais penser nous prévient quil nest berger que métaphoriquement et quil faut le lire au second degré. On voit alors quil dit le contraire de ce quil dit. Il affirme penser avec ses sens, avec son corps, mais en fait il sent avec sa pensée, ou plutôt il ne sent, il ne voit quen pensée. Le gardeur de troupeaux est la première uvre de Pessoa que jai lue il y a trente ans. Cest en Caeiro que jai découvert Pessoa. Et lextraordinaire plaisir intellectuel que jai éprouvé à ce moment-là, et que je ressens encore, venait de cette ambiguïté même, de ce chant double, où lénoncé de la réalité la plus simple est accompagné en sourdine par lexpression du sentiment le plus sophistiqué. Ce qui mavait tout de suite frappé, cest que chez Caeiro la figure de style la plus fréquente, avec la tautologie, cest la tournure négative, la prétérition. Ce chant de linnocence heureuse sélève au cur de lexpérience douloureuse de la conscience dédoublée. Caeiro affirme la réalité des choses que Pessoa nie, si bien que chaque proposition de chaque poème est la négation dune négation. Mais alors, dans cet univers «païen» de Caeiro, que devient le paysage? Le paradoxe, cest quil y a moins de descriptions dans les poèmes soi-disant objectifs du Gardeur de troupeaux que dans la poésie élégiaque du Cancioneiro, qui est le principal recueil lyrique de Pessoa «lui-même». Là, pour suggérer lévanescence du monde sensible, il trouvait des notations précises, comme laurore «gris-vert, qui se bleuit du chant des coqs», ou la brise qui est le «sourire audible des feuilles». Ici, chez le poète païen, il ny a rien de semblable. Le paysage nest pas montré, mais plutôt déduit. Le poème nest pas une peinture, mais plutôt une problématique du paysage. Caeiro veut se réduire à un regard, mais ce regard est désincarné, il ne révèle pas le monde réel et il nappartient pas à un être vraiment humain. LIMAGINATION OCÉANE Jai rappelé que Pessoa avait passé son enfance et son adolescence en Afrique du Sud, à Durban. De ce long séjour il lui est resté une formation anglaise, mais aucune impression dAfrique. Il est impossible de trouver dans son uvre la moindre trace de paysage africain. On dirait quil na pas vécu à Durban, mais, par la magie de ses lectures, à Londres, à Newcastle, à Liverpool, où il nest pourtant jamais allé. Mais sil na gardé aucun souvenir de la terre africaine, il a en revanche été définitivement marqué par le spectacle de locéan, sur lequel il a vécu pendant quatre longues traversées (le séjour de dix années a été coupé par un voyage de vacances au Portugal et aux Açores). Ce nest pas dans luvre de Pessoa lui-même quon trouve ses impressions maritimes, mais dans celle dAlvaro de Campos, ingénieur naval formé à Glasgow, de culture britannique. Cest en lui quil a investi sa passion des choses de la mer; et il a consacré à ce thème de locéan le plus long et le plus puissant de tous ses poèmes, lOde maritime. Ce texte de plus de mille vers, dont la lecture intégrale dure plus dune heure, et dont le ton passe insensiblement de leffusion lyrique au hurlement frénétique, puis, brusquement, un peu avant la fin, du cri au murmure, est aujourdhui luvre de Pessoa la plus célèbre. Elle a tenté un certain nombre de comédiens; et jen ai déjà vu quatre interprétations différentes au théâtre. Campos, disciple de Walt Whitman, est le double extraverti de Pessoa. Autant le poète du Cancioneiro est timide, crispé et pudique, autant celui de lOde maritime est déchaîné. Bien entendu, il sagit dune personnalité poétique, donc fictive. Mais dans le cas de Campos, contrairement à ce qui se passe pour Caeiro ou Reis, il semble bien quil y ait eu parfois irruption du double dans la vie réelle. Si lon en croit le témoignage de la jeune fille que Pessoa a aimée, Ophélia, il serait arrivé à Campos, sous leffet de lalcool, de prendre la place de Pessoa à certains rendez-vous; et elle était effrayée de voir surgir ce M. Hyde qui, dit-elle, navait pas le même langage que le sage M. Pessoa. Campos est, de tous les hétéronymes, celui qui est le plus différent de son créateur. Et pourtant, en un sens, il est celui qui lui ressemble le plus. On sait que Pessoa, à partir dun certain moment, a voulu se débarrasser de ses hétéronymes, qui lencombraient. Il a fait mourir Alberto Caeiro et il a envoyé Ricardo Reis en exil au Brésil. Mais il na pas pu ou voulu congédier ou tuer Alvaro de Campos, qui était trop intimement lui-même. Campos ne disparaît pas; il change, comme nimporte quel vivant qui vieillit. Le poète de lOde maritime devient celui du Bureau de tabac. Son cur se brise, faute davoir su se bronzer. Le chantre des grands espaces et de la vie moderne, sûr de lui et exalté, redevient au grand jour ce quil navait jamais cessé dêtre secrètement: un homme faible, angoissé, désespéré, cest-à-dire Pessoa. LOde maritime est une uvre immense et foisonnante, dont je ne retiendrai quun bref fragment, qui illustre le thème central du poème: limagination orphique de la mer, et, nommément, de cette mer absolue quest locéan. Je parle dimagination, parce que ce qui est frappant dans ce poème de la mer, cest labsence de toute description précise, de toute notation concrète; tout le texte est un appel à limagination; locéan nest pas vraiment vu, mais plutôt évoqué, ou encore mieux invoqué, apostrophé. Et il est invoqué non pas comme une matière, lélément liquide, dont il nest guère question, mais comme un espace, comme une ouverture de lespace, comme une présence qui est peut-être une absence infinie. Si je dis que cette imagination
de la mer est «orphique», reprenant ainsi un terme qui fait
penser au titre de la revue où a paru lOde maritime,
Orphée, cest quelle est un tremplin pour lélan
de lesprit vers une idée de la totalité du monde visible
et invisible. LOde maritime est une immense et double métonymie.
Locéan ny est à peu près jamais vu ni
pensé en lui-même, mais sous lapparence des navires
qui y naviguent, ou qui y ont navigué, ou qui pourraient y naviguer.
Cette Ode maritime est plutôt en réalité une
Ode navale; et il serait facile de montrer limportance qua
dans luvre de Campos, et même dans celle de Pessoa,
larchétype du navire. Mais en même temps, toutes les
images et tous les symboles de la vie maritime ou navale renvoient à
autre chose de plus intérieur et de plus profond. Les navires et
locéan qui les porte sont, fondamentalement, les pourvoyeurs
des métaphores par lesquelles le poète va exprimer sa situation
spirituelle. Et il mest difficile ici de ne pas penser à
Lautréamont, que Pessoa ne connaissait sans doute pas: son invocation
au «vieil océan,... grand célibataire» en fait
le symbole de ce quon pourrait appeler, dans le langage de Pessoa,
linfini indéfini. Il nest évidemment pas question ici ne serait-ce que desquisser une étude de Message. Je renvoie ceux que cela intéresse à la présentation de luvre par Yvette Centeno et Patrick Quillier dans le volume de lédition Christian Bourgois. Je me bornerai à me demander ce que, dans cette perspective à la fois historique, géographique, épique et mystique, devient le paysage, comme motif poétique. Pour le montrer, je citerai un seul texte, le poème intitulé Horizon, qui est le second de la deuxième partie, elle-même intitulée Mer portugaise. Tout le poème est construit autour de lopposition entre la ligne de lhorizon, encore abstraite quand la côte némerge pas encore, et la profusion minérale, végétale et animale, qui se manifeste par des sons et des couleurs quand la côte est toute proche. Le dernier vers résume tout le poème, tout le livre, peut-être toute lentreprise de Pessoa: la transformation de la ligne abstraite de lhorizon en un monde vivant et chatoyant, à la fois réel et idéal, cest lessence même de la création poétique. Voir linvisible devenir visible, cest, dit le poète, «aller quérir... les baisers mérités de la Vérité». Si lon rapproche les uns des autres les quatre regards différents que Bernardo Soares, Alberto Caeiro, Alvaro de Campos et Fernando Pessoa lui-même portent sur le ciel, la terre ou la mer, on se rend compte quil y a, chez le poète qui les contient tous, à la fois une fascination et un refus du réel. Dans le Livre de lintranquillité, il le dit sur tous les tons. «Je suis un homme pour qui le monde extérieur est une réalité intérieure.» En retournant ainsi la formule de Théophile Gautier, il ajoute: «Je sens cela non pas métaphysiquement, mais avec les sens usuels qui nous servent à capter le réel.» Cest ce qui explique les explications contradictoires que ses exégètes donnent de son mal de vivre. Les uns pensent quil ne sent rien, les autres quil sent trop. Mais, au fond, cest la même chose: il sent trop et ce trop nest rien. Ou il ne sent rien, mais ce rien est tout. Pour accéder au réel, pour vivre dans la nature, pour éprouver les qualités sensibles du monde, il faut avoir un corps quon assume. Ce nest pas le monde qui manque à Pessoa, cest le corps. Son débat nest ni avec les choses ni avec les êtres, mais avec son propre corps. Il a sans doute rêvé lui aussi quil lui serait «loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps», et cest lombre de ce rêve qui fait de son univers ce lieu inexprimable où il a erré toute sa vie.
Robert BRÉCHON
Extraits duvres de Fernando
Pessoa et dun de ses hétéronymes
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