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Le retour des oies sauvages | ![]() |
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Hymne au printemps canadien |
Une migration amériquaine | Hommage-rencontre | ||
Après un long et rigoureux hiver, les vallées du Saint-Laurent commencent à reprendre vie. La rivière qui marche s’en débâcle de ses glaces, les rives en fondaison giguent le redoux, les arborescences s’éveillent en sève et frondent les frimas. Premières poussées, premiers bourgeons, s’annoncent les signes d’un printemps si attendu. Puis, dans la mouvance d’un jour gris et nuageux, haut dans le ciel tel un cri survient l’inattendu si espéré. Mais est-ce un cri? Plutôt un whouk aigu, nasalisé, comme un phonème sans âge qui dit l’advenue, la bienvenue, suivi d’autres whouk, par dizaines, pis par centaines, pis par milliers… Whouk whouk whouk kowk kaw luk kowk kowk luk whouk whouk…! |
Écouter l'advenue |
Quelle bruyance encielée, quelle déployance ailée! De concert, les imprévisibles oies sauvages, fidèles au temps et aux lieux, sont enfin de retour! Whouk whouk whouk kowk kaw luk kowk kowk luk whouk whouk…! Face à une telle partition sauvage, que dire sinon «rien» et attraper au vol quelques «whouk», accueillir l’advenue et rester là, oublieux de tout, en muette résonance avec ce «whouk dance» vital, cette inspirante et joyeuse musicalité d’un monde qui dit l’aube des nouveaux jours. Oui, enfin, après un long et rigoureux hiver, les oies du printemps s’en reviennent et avec elles ce regain si attendu en vallées du Saint-Laurent. Les êtres en échouage «respirent» et, en toute migrante émotion, enfin, se libèrent pour mieux s’affréter aux désirs des lendemains. Appareillage, appareillage, appareillage…! Whouk whouk whouk kowk kaw luk kowk kowk luk whouk whouk…! Oui, enfin là, l’almanach du printemps a ouvert ses pages blanches pour de sauvagines et augurantes destinées! Hymne leur soit rendu à ces belles géographes ailées! Whouk whouk whouk kowk kaw luk kowk kowk luk whouk whouk…! |
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Rassemblement |
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Quittant leurs aires d’hivernage situées le long des côtes atlantiques des Etats-Unis (du New Jersey au nord et plus au sud, les baies du Delaware, du Chesapeake jusqu’aux Carolines), les oies sauvages, depuis l’aube des jours, s’en reviennent dans les eaux de fin mars–début avril en vallées du Saint-Laurent. Par petits groupes continus d’une trentaine d’individus, piaffant-jappant par-delà les paysages encore enneigés et contrastés, elles s’en reviennent après de belles envolées d'environ mille kilomètres pour se rassembler dans un premier temps aux abords du lac Saint-Pierre du côté de Baie-du-Febvre. De là, survolant les rives du Saint-Laurent, tout en nuée vers l’Est, les oies sauvages s’en iront rejoindre leur habitat-ressource respectif. Sus aux patouillantes et binantes battures, aux marais à scirpe pour les oies des neiges (ou oies blanches), sus aux coteaux graminés, aux prairies et champs jonchés de grignotines pour les outardes (ou bernaches du Canada). Qui, longeant la rive nord, vers Cap-Santé, Donnacona, et passé la ville de Québec, le chenal de l’île d’Orléans, le Cap-Tourmente… Qui, la rive sud, vers Ste-Croix, St-Romuald, et passé Lévis, la côte de Bellechasse, Berthier, Montmagny, St-Roch-des-Aulnaies… Qui aussi, vers les îles, «là-où-abonde-de-provende-glanaison», comme Île aux Ruaux, Grosse-Île, Île aux Oies, et autres islets plus loin encore vers Kamouraska… Ainsi, toute une population aviaire (estimée à plus d’un million d’individus) s’en revient redessiner et égayer de leur blanche et sonore présence la géographie des lieux, offrant de beaux et revivifiants moments printaniers pour le bonheur de tous! Les oies sauvages resteront là quelques semaines le temps de se ressourcer, de reprendre des forces en lipides, avant de poursuivre à la mi-mai leur chemin migratoire vers le Nord. Les outardes s’en iront rejoindre leurs aires de reproduction et de nidification en s’éparpillant plutôt vers le Haut-Québec, préférant en cela les zones humides riches en carex, la proximité des lacs, des rivières, et leurs abords protecteurs, propices à d’intimes «gazou-gazou». Les oies des neiges, quant à elles, plus volontaires, s’envoleront vers les austères et peu hospitalières toundras du Haut-Arctique. De sauvages envolées d’environ trois mille kilomètres qui les mèneront à tout plein «gazou» cocooniser au septentrion de l’île de Baffin, l'île Bylot et, au-delà, les terres d’Ellesmere, les côtes nord-ouest du Groenland… Hommage leur soit rendu à ces belles et valeureuses migratrices! Whouk whouk niouk gazou gaziouk whouk whouk niouk! |
Spritch-sproutch |
Colloque sur la batture |
Migrateur • Pierre Perrault |
Une réalisation de Pascal Naud & Serge Paulus (L'Atelier du héron) |